15 octobre 2009

La vraie vie des ados sur le Net

Un très bel éditorial de Thot cursus

La vraie vie des ados sur le Net

Lorsque nous avons poussé notre premier cri, l'automobile existait déjà. Nous avons pourtant attendu 16 ou 18 longues années pour apprendre à conduire et passer un permis attestant de nos compétences. Ceux qui prennent le volant sans posséder ce sésame risquent gros face à la loi et provoquent fréquemment de graves accidents.


Peut-on comparer les outils numériques à l'automobile ? Oui, dans une certaine mesure. Pour naviguer avec aisance sur le web, mieux vaut avoir acquis quelques bonnes habitudes et des habiletés qui nous permettront d'effectuer une recherche efficace, d'éditer des ressources au format adéquat, d'évaluer les informations que nous y trouverons.

Pourtant, les hérauts des "digital natives" estiment que les jeunes générations possèdent naturellement la compétence numérique, par le simple fait d'être nées en même temps ou après l'invention du web.


Certes, les jeunes sont les champions de l'apprentissage par la tâche. Ils pratiquent assidûment l'essai - erreur, et s'améliorent en partageant leurs expériences avec leurs pairs. Et pourtant, faut-il les laisser seuls devant le web immense ? Ce serait faire confiance à une toute petite paire de rames pour traverser l'océan.


Dans nos sociétés développées, les jeunes attirent autant qu'ils font peur. Nous sommes tous un peu jaloux de leur aisance à chatter, capturer des vidéos avec leurs téléphones pour les diffuser ensuite à des milliers de personnes. Nous redoutons aussi la capacité de certains à entrer dans les systèmes informatiques et à craquer les codes qui pour nous ressemblent à la langue des aliens venus d'une autre planète. Nous ne nous reconnaissons pas en eux.

Mais lorsque nous mettons des faits et des chiffres en face des pratiques multimédias des jeunes, l'appréhension s'éloigne : finalement, ils ne sont pas si doués. Finalement, ils passent moins de temps que nous, adultes, devant les écrans. Si nous considérons les jeunes comme d'étranges mutants, c'est que nous les comparons à ce que nous étions au même âge, et pas à ce que nous sommes aujourd'hui.


Voilà l'un des grands enseignements que vous tirerez de la lecture de Thot cette semaine : les ados sont normaux. Ils ont besoin de nous pour apprendre et débattre de ce qu'ils trouvent sur le web. Ils aiment que nous les félicitions pour leurs belles photos numériques et leurs magnifiques morceaux de musique composés sans le moindre instrument. Et face à la nécessité d'apprendre, ils ont un besoin crucial de notre médiation, y compris face aux immenses savoirs disponibles sous forme numérique. Il ne s'agit pas seulement de les outiller de manière à ce qu'ils puissent distinguer le vrai du faux, l'essentiel de l'accessoire. Il s'agit surtout d'ouvrir les chemins de l'appropriation des savoirs, parfois à grand coups de machette dans la jungle du web, souvent grâce à des scénarios pédagogiques cousus main.

Cette tâche éducatrice, la seule peut-être que les adultes partagent universellement, mérite bien que nous nous penchions un peu sur les pratiques de nos ados, que nous ayons confiance en eux et encore plus en nous.